• Naturellement féminin...

    La fantaisie...

     

     


    J'orne vos poignets, je mets en valeur votre cou,
    Je peux être en soie, un foulard, un bijou,
    Je suis, devinez qui ?  Je suis la Fantaisie;
    Aux caprices charmants...Comme la poésie

    Avec des riens, je fais un peu ce que je veux

    Sans choquer personne. Une fleur aux cheveux
    Comme une jeune fille, et le rire à la bouche,
    Je mets de la beauté sur ce que je touche.

    Même lorsque je mens, je dis la vérité,

    Je vis entre le rêve et la réalité,
    Je suis naturellement  féminin,
    Tant l'esprit féminin me le rend si bien.

    TIMILO

    https://zitop.blogspot.com

     

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  • Les regrets d'une coquette.

    Recueil : Les poésies (1878)

    Adieu beauté, parure du jeune âge,
    Bientôt l'hiver va neiger sur mon front ;
    La main du temps qui ride mon visage,
    Chaque matin me réserve un affront :
    De noirs cheveux j'ai beau parer ma tête,
    Orner mon cou de riches diamants,
    J'ai vu ce soir ma dernière conquête
    Fuir mon boudoir et fausser ses serments.

    Soupir d'amour, ô brûlante insomnie
    Qui me fais trop expier mes dédains !
    Ton vol m'enlève à l'extase infinie,
    Mais la raison a ses retours soudains.
    J'ai cru longtemps, bravant toute blessure,
    Pouvoir narguer le petit dieu malin,
    Mais son carquois porte une flèche sûre
    Qui vient m'atteindre aux jours de mon déclin.

    Je lutte en vain comme la fleur d'automne
    Qui sent venir les premiers aquilons,
    Je n'entends plus qu'un frelon qui bourdonne,
    Car tous ont fui mes joyeux papillons.
    Voilà le prix qu'aujourd'hui je recueille,
    Je n'ai plus droit qu'à de vaines pitiés.
    Lys oublié qui tombe feuille à feuille,
    Je ne vois plus que mon ombre à mes pieds.

    Ah ! revenez, sylphes de ma jeunesse,
    Amants qu'on vit tomber à mes genoux,
    Je vous promets caresse pour caresse,
    Pour un regard mon regard le plus doux.
    Si je pouvais, moi, la fière coquette,
    Moi, qui jamais ne connus de vainqueur,
    Si je pouvais retarder ma retraite,
    J'en fais serment, je donnerais mon cœur.

    Allons, je veux que rien ne me surpasse
    En me mêlant aux joyeux tourbillons ;
    Ne puis-je pas, en valsant avec grâce,
    Lancer encor l'œillade aux doux rayons ?
    Un amour vrai peut rajeunir mes charmes,
    La Pompadour, même après quarante ans,
    Plus belle encor, fit verser bien des larmes :
    Parfois l'automne est plus beau qu'un printemps.

    Mais vain espoir de mon âme abusée !
    Art imposteur d'inutiles atours !
    Qui me rendra cette taille élancée,
    Ce galbe pur de mes premiers contours ?
    Qui donc rendra l'éclat à ma prunelle,
    L'humide émail ornant mes blanches dents,
    Mes beaux bras nus et mes pieds de gazelle,
    Et mes langueurs et mes rêves ardents ?

    N'essayez pas, oh ! croyez-moi, fillettes,
    Troupe jolie, à l'aube de vos jours ;
    N'essayez pas d'imiter les coquettes
    Voguant trop tard sur la mer des amours.
    Au cap fatal, cap de la quarantaine,
    Près d'un écueil vous guette un dieu moqueur,
    « — Ici, dit-il, Vénus perd son domaine,
    Il faut à temps savoir donner son cœur. »


    Robert Dutertre

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    Omaha

    Le marbre d’Italie, couvre mes petits frères
    Ils sont morts au combat, des années en arrière
    Leur vie s’est arrêtée, ce maudit jour de juin
    C’était la deuxième guerre, et c’est déjà bien loin.

    Jeunesse vertueuse sacrifiant son destin
    Jeunesse courageuse venue tendre la main
    Au continent soumis brisé par la folie
    Au continent meurtri par autant de mépris.

    Des milliers de soldats, armada incroyable
    Pour partir à l’assaut de ce mur imprenable
    Mais on le savait bien, sur cette plage immense
    Premières lignes exposées avaient bien peu de chance

    Sur la plage d’Omaha votre rêve s’est brisé
    Alors mes petits frères qui n’avez plus de mère
    Chaque fois que je viens, fouler ce cimetière
    Retrouvez son amour dans mes yeux embués.

    Danielle de Cacqueray-Sevestre

     

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    Le baiser de la terre

    L’averse fond du sud ouest comme un avion.
    La lumière vire, le monde chavire, les couleurs changent.
    Tout devient gris puis cendre puis suie
    Alors l’averse balaie le champ de bataille
    Déversant du ciel une eau sans couleur
    Violente amante de la terre normande
    Elle courbe les arbres du parc et fourbit
    Ses armes aux falaises de grès
    Comme pour toujours plus profondément
    Laver tout ce sang versé sur la lande.

    Souffle et tourbillons parmi neuf mille sépultures
    Comme neuf mille fleurs sous la neige
    Les vivants eux-mêmes ensevelis
    Sous l’orage et sous l’ennui.
    Le vacarme des armes n’est plus qu’un fantôme
    Qui plane sur la pelouse, déversant des larmes
    De cristal et de métal sur les jours
    Les heures et les ans. Le printemps des combattants
    Ne connaîtra pas d’automne ni d’hiver
    Puisqu’il faut mourir par un beau soir de juin
    Et embrasser la terre qui donne le lait
    Le lait de la victoire, si belle, si loin
    Des grandes plaines et de l’amour dans les foins
    Du miel aux commissures des lèvres
    Et des claquettes de Fred Astaire.

    Alain David

     

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    Victoire

    Sonnez, sonnez, les Cloches de la Victoire
    Bribes d’émotion superbe, de Paix et de Gloire.

    S’ouvre l’Histoire aux confins d’un sanglant passé,
    Et surgit le cortège, en ordre dispersé,
    Des Lieux, du Temps, bruits d’épées, bombardements,
    Ils furent tous si beaux bébés et trop courts moments.
    Ciel et mer confondus, lieu de leur sacrifice,
    Ils sont là au point brûlant, sublime Calice
    De nos souvenirs de profonde Admiration,
    Interdit du retour de l’abomination.

    Marie-Jeanne Edel

     

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    Une si jolie plage

    Sur une plage de Normandie, où je m’étais assoupi, la tête contre la sol, les galets m’ont raconté :

    C’est sur ces rivages détrempés d’averses, par un jour du mois de juin, que nous avons vu surgir des barges dans la brume du petit matin.

    En face, habillés d’autres uniformes, nous avons surpris l’agitation. Des hommes allaient mourir en masse pour la folie d’un dictateur, avide de pouvoir et de révolution.

    Sous une pluie de flammes, perdus dans la bagarre, les rescapés des premières vagues, épargnés par la mitraille, sur nous se sont couchés, priant pour que cela cesse, cherchant dans ce brouillard de guerre la silhouette de leurs amis tombés.

    Le sang de tous ces braves sur nous s’est répandu, imprégnant nos plages profondément. Ces jeunes gens venus d’ailleurs, jamais n’accompliraient leurs rêves d’adolescent, à tout jamais effacés.

    Quand le fruit de la violence fut consommé, il ne restait sur nous que des cadavres que l’on avait alignés comme des points comptés, pour afficher le résultat d’une journée d’enfer que seul les livres ont conservé.

    La mer, depuis, a nettoyé les plages, mais dans le sol, enfoui profondément, il y a encore des armes qui attendent les mains de leurs garçons. Ceux-ci reposent en terre de France, sur une pelouse de commémoration couverte de la bannière étoilée sous laquelle ils sont nés.

    Ni les orages, ni les ressacs, n’ont pu effacer les cicatrices que les plages portent à jamais comme un éternel supplice. Nous avons deviné ces mères, qui longtemps on pleuré leurs enfants, leurs maris, morts au nom de la liberté.

    Que reste-il dans vos mémoires de ce lourd tribut payé ? Si vous jouissez aujourd’hui encore du droit d’être libre, c’est grâce à tous ces valeureux soldats venus vous délivrer de l’infamie d’un être que la terre n’aurait jamais du porter.

    Les yeux ouverts dans les étoiles, dans la nuit fraîchement tombée, je me suis relevé, regardant la plage paisible et calme. Bien des questions je me suis posées.

    Rien ne justifie pareil acte de barbarie, ni territoire ni religion, nous n’avons pas tiré d’enseignements de toutes ces vies sacrifiées sur l’autel de la bêtise, que l’homme manie pour dessiner à sa guise les frontières de son insatisfaction.

    Armand Voss

     

     

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  • Te souviens-tu maman, de Cathy Barges

    Recueil : Les poésies (2010)

    Que dire d'une mère,
    Qui n'a pas été dit,
    Prières et mille vers,
    Encore on en écrit.

    Mais c'est pour toi, maman,
    Que ces mots, tendrement,
    Défilent sous mes yeux,
    Sans trêve, comme un jeu ;

    Et souviens toi, maman,
    Quand nous étions enfants,
    Tu peignais nos cheveux,
    Et essuyais nos yeux.

    Si peine et désarroi
    Viennent frapper chez toi,
    Tu les laisses entrer
    Sans jamais rechigner ;

    Et jamais ton visage
    Ne m'a montré de larmes
    Et la vie qui défile,
    Laisse ton cœur sans ride ;

    Alors, dis-moi ma mère,
    Quel donc est ton secret,
    Rends-moi les idées claires...
    Es-tu donc une fée ?


    Cathy Barges
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    La mère, l'enfant et les sarigues.

     

    Recueil : Les fables (1792)

     

    Vous, de qui les attraits, la modeste douceur,
    Savent tout obtenir et n'osent rien prétendre,
    Vous que l'on ne peut voir sans devenir plus tendre,
    Et qu'on ne peut aimer sans devenir meilleur,
    Je vous respecte trop pour parler de vos charmes,
    De vos talents, de votre esprit...
    Vous aviez déjà peur ; bannissez vos alarmes,
    C'est de vos vertus qu'il s'agit.
    Je veux peindre en mes vers des mères le modèle,
    Le sarigue, animal peu connu parmi nous,
    Mais dont les soins touchants et doux,
    Dont la tendresse maternelle,
    Seront de quelque prix pour vous.
    Le fond du conte est véritable :
    Buffon m'en est garant ; qui pourrait en douter ?
    D'ailleurs tout dans ce genre a droit d'être croyable,
    Lorsque c'est devant vous qu'on peut le raconter.

    Maman, disait un jour à la plus tendre mère
    Un enfant péruvien sur ses genoux assis,
    Quel est cet animal qui, dans cette bruyère,
    Se promène avec ses petits ?
    Il ressemble au renard. Mon fils, répondit-elle,
    Du sarigue c'est la femelle ;
    Nulle mère pour ses enfants
    N'eut jamais plus d'amour, plus de soins vigilants.
    La nature a voulu seconder sa tendresse,
    Et lui fit près de l'estomac
    Une poche profonde, une espèce de sac,
    Où ses petits, quand un danger les presse,
    Vont mettre à couvert leur faiblesse.
    Fais du bruit, tu verras ce qu' ils vont devenir.
    L'enfant frappe des mains ; la sarigue attentive
    Se dresse, et, d'une voix plaintive,
    Jette un cri ; les petits aussitôt d'accourir,
    Et de s'élancer vers la mère,
    En cherchant dans son sein leur retraite ordinaire.
    La poche s'ouvre, les petits
    En un moment y sont blottis,
    Ils disparaissent tous ; la mère avec vitesse
    S'enfuit emportant sa richesse.
    La péruvienne alors dit à l'enfant surpris :
    Si jamais le sort t'est contraire,
    Souviens-toi du sarigue, imite-le, mon fils :
    L'asile le plus sûr est le sein d'une mère.


    Jean-Pierre Claris de Florian

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  • Vers le passé

    Longuement poursuivi par le spleen détesté,
    Quand je vais dans les champs, par les beaux soirs d’été,
    Au grand air rafraîchir mes tempes,
    Je ris de voir, le long des bois, les fiancés
    Cheminer lentement, deux par deux, enlacés
    Comme dans les vieilles estampes.

    Car je dédaigne enfin les baisers puérils
    Et la foi des seize ans, fleur brève des avrils,
    Éphémère duvet des pêches,
    Qui fait qu’on se contente et qu’on est trop heureux,
    Si la femme qu’on aime a les bras amoureux,
    L’âme neuve et les lèvres fraîches.

    Elle est évanouie à jamais, la candeur
    Qui fait que l’on s’éprend d’un petit air boudeur
    Qui n’est bien qu’à travers le voile,
    Et qu’on n’a pas de mots assez ambitieux
    Pour dire à ses amis qu’elle a de jolis yeux
    Couleur de bleuet et d’étoile.

    Et c’est la fin. Mon cœur, quitté des anciens vœux,
    Ne saura plus le charme infini des aveux
    Et ce bonheur qui vous inonde,
    Parce qu’un soir de mai, dans les bois, à Meudon,
    Sur votre épaule avec un geste d’abandon
    Elle a posé sa tête blonde.

    Et pourtant j’ai connu tout cela ; j’ai connu
    Même ces doux projets de bonheur ingénu
    Dont l’âme si bien s’accommode :
    L’hiver, le coin du feu, la chambre aux sourds tapis,
    Et, dans un frais berceau, deux enfants assoupis
    Auprès de leur mère qui brode.

    Mais cet espoir, hélas ! d’un avenir doré,
    Ces apparitions, ces rêves ont duré
    Le temps d’une aube boréale,
    Et mon esprit partit aux pays fabuleux
    Où l’on pense cueillir les camélias bleus
    Et trouver l’amour idéale.

    Là, j’ai beaucoup souffert, et j’en reviens meurtri.
    En d’indignes plaisirs à jamais j’ai flétri
    Les saintes blancheurs de mon âme.
    Je reviens du rivage où j’avais émigré,
    Et j’ai le front très pâle ; et cependant, malgré
    Ce que j’ai souffert par la femme,

    Malgré ce cœur brisé, sans espoir et sans foi,
    Ces débauches qu’on fait à la fin malgré soi
    Comme de hideuses besognes,
    Sans cesse je retourne à mon passé riant,
    Ainsi qu’aux premiers froids toujours vers l’Orient
    Reviennent les blanches cigognes.

    François Coppée, Le Reliquaire, 1866


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