• Il n' a pas d'amour heureux

    Poète : Louis Aragon (1897-1982)

    Recueil : La Diane française (1944).

    Rien n'est jamais acquis à l'homme Ni sa force
    Ni sa faiblesse ni son coeur Et quand il croit
    Ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix
    Et quand il croit serrer son bonheur il le broie
    Sa vie est un étrange et douloureux divorce
    Il n'y a pas d'amour heureux

    Sa vie Elle ressemble à ces soldats sans armes
    Qu'on avait habillés pour un autre destin
    À quoi peut leur servir de se lever matin
    Eux qu'on retrouve au soir désoeuvrés incertains
    Dites ces mots Ma vie Et retenez vos larmes
    Il n'y a pas d'amour heureux

    Mon bel amour mon cher amour ma déchirure
    Je te porte dans moi comme un oiseau blessé
    Et ceux-là sans savoir nous regardent passer
    Répétant après moi les mots que j'ai tressés
    Et qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururent
    Il n'y a pas d'amour heureux

    Le temps d'apprendre à vivre il est déjà trop tard
    Que pleurent dans la nuit nos coeurs à l'unisson
    Ce qu'il faut de malheur pour la moindre chanson
    Ce qu'il faut de regrets pour payer un frisson
    Ce qu'il faut de sanglots pour un air de guitare
    Il n'y a pas d'amour heureux.

    Louis Aragon.
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  •  Mois de janvier.

    Poète : François Coppée (1842-1908)

    Recueil : Les mois (1878).

    Songes-tu parfois, bien-aimée,
    Assise près du foyer clair,
    Lorsque sous la porte fermée
    Gémit la bise de l'hiver,

    Qu'après cette automne clémente,
    Les oiseaux, cher peuple étourdi,
    Trop tard, par un jour de tourmente,
    Ont pris leur vol vers le Midi ;

    Que leurs ailes, blanches de givre,
    Sont lasses d'avoir voyagé ;
    Que sur le long chemin à suivre
    Il a neigé, neigé, neigé ;

    Et que, perdus dans la rafale,
    Ils sont là, transis et sans voix,
    Eux dont la chanson triomphale
    Charmait nos courses dans les bois ?

    Hélas ! comme il faut qu'il en meure
    De ces émigrés grelottants !
    Y songes-tu ? Moi, je les pleure,
    Nos chanteurs du dernier printemps.

    Tu parles, ce soir où tu m'aimes,
    Des oiseaux du prochain Avril ;
    Mais ce ne seront plus les mêmes,
    Et ton amour attendra-t-il ?

    François Coppée.
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  • a8f1985d
    JE PARS DANS LE VENT.  
    je pars dans le vent probablement vers le néant.
    Mais si ce néant s’avérait être un trésor,
    je me battrais contre les puissance des ténèbres
    pour faire entendre ma voix
    enrichie de cette expérience nouvelle
    pour vous dire la promesse que j’aurais arrachée au silence.
     Afin que vous sachiez que mon coeur est devenu plus riche,
    mon âme plus universelle;
    que vous sachiez qu’après il y a autre chose,
    autre chose, qui ne peut être que Dieu,
    c’est en réalité vous.
      L’homme  matériel que nous sommes ne peut l’imaginer,
    et encore moins l’appréhender,
    mais je me battrai.je n’ai pas peur de mourir.
     C’est le destin de tout ce qui vit et qui ne vit
    que parce que la mort en marque fin.
     Mais ce qui me navre..ö combien! c’est de m’arrêter d’aimer.
     L’important n’est pas tant d’être aimé,
    d’avoir Dieu dans son coeur, mais d’être dans le coeur de Dieu.
      Ainsi l’amour n’est-il plus un sentiment ponctuel égocentrique
    mais universel!  
    Il englobe tout autour de soi et,
    plus que tout autre sentiment apporte la plénitude,
    le calme, la joie, le bonheur, la compréhension et
    la tolérance, mais aussi l’enthousiasme, la rage de vivre.  
    (Paul Emile Victor)
     

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  • L'Hiver- Charles Cros

     

    Les quatre saisons – L’hiver

    Charles Cros

    C’est l’hiver. Le charbon de terre
    Flambe en ma chambre solitaire.

    La neige tombe sur les toits.
    Blanche ! Oh, ses beaux seins blancs et froids !

    Même sillage aux cheminées
    Qu’en ses tresses disséminées.

    Au bal, chacun jette, poli,
    Les mots féroces de l’oubli,

    L’eau qui chantait s’est prise en glace,
    Amour, quel ennui te remplace !

    Charles Cros, Le coffret de santal

     

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  • Nuit de neige

    Nuit de neige

    Guy de Maupassant

    La grande plaine est blanche, immobile et sans voix.
    Pas un bruit, pas un son ; toute vie est éteinte.
    Mais on entend parfois, comme une morne plainte,
    Quelque chien sans abri qui hurle au coin d’un bois.

    Plus de chansons dans l’air, sous nos pieds plus de chaumes.
    L’hiver s’est abattu sur toute floraison ;
    Des arbres dépouillés dressent à l’horizon
    Leurs squelettes blanchis ainsi que des fantômes.

    La lune est large et pâle et semble se hâter.
    On dirait qu’elle a froid dans le grand ciel austère.
    De son morne regard elle parcourt la terre,
    Et, voyant tout désert, s’empresse à nous quitter.

    Et froids tombent sur nous les rayons qu’elle darde,
    Fantastiques lueurs qu’elle s’en va semant ;
    Et la neige s’éclaire au loin, sinistrement,
    Aux étranges reflets de la clarté blafarde.

    Oh ! la terrible nuit pour les petits oiseaux !
    Un vent glacé frissonne et court par les allées ;
    Eux, n’ayant plus l’asile ombragé des berceaux,
    Ne peuvent pas dormir sur leurs pattes gelées.

    Dans les grands arbres nus que couvre le verglas
    Ils sont là, tout tremblants, sans rien qui les protège ;
    De leur oeil inquiet ils regardent la neige,
    Attendant jusqu’au jour la nuit qui ne vient pas.

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  • Soir d’hiver

    Emile Nelligan

    Ah! comme la neige a neigé!
    Ma vitre est un jardin de givre.
    Ah! comme la neige a neigé!
    Qu’est-ce que le spasme de vivre
    A la douleur que j’ai, que j’ai.

    Tous les étangs gisent gelés,
    Mon âme est noire! Où-vis-je? où vais-je?
    Tous ses espoirs gisent gelés:
    Je suis la nouvelle Norvège
    D’où les blonds ciels s’en sont allés.
    Pleurez, oiseaux de février,
    Au sinistre frisson des choses,
    Pleurez oiseaux de février,
    Pleurez mes pleurs, pleurez mes roses,
    Aux branches du genévrier.

    Ah! comme la neige a neigé!
    Ma vitre est un jardin de givre.
    Ah! comme la neige a neigé!
    Qu’est-ce que le spasme de vivre
    A tout l’ennui que j’ai, que j’ai…

    Emile Nelligan

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  • Le coeur à la LuneLe coeur à la Lune - Jules Laforgue

     

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