• Une enfance

    Une enfance

    Villebramar

    il porte avec lui sa colère de dix ans,
    l’emmène dans les couloirs lui cogne la tête contre les murs
    mais la colère relève la tête et le regarde
    alors
    il frappe encore et encore contre les murs sa colère jusqu’à ce qu’elle s’effondre
    fatiguée
    se taise enfin
    ferme les yeux et cesse de le regarder

    alors il arrête de frapper
    de frapper sa colère
    de frapper la tête de sa colère contre les murs
    fatiguée sa colère arrête de le regarder droit dans les yeux.

    J’ai vu, et les autres aussi
    cette colère de dix ans qui s’est arrêtée soudain dans les couloirs
    tous nous passions sans seulement esquisser un sourire
    ç’aurait été bien un sourire
    un simple sourire
    pour que cesse de le regarder sa colère dans les couloirs de l’Assistance
    publique
    comme on disait autrefois mais aujourd’hui il n’y a plus d’assistance
    ni publique ni privée les éducateurs regardent ils savent qu’il n’y a rien à faire
    rien rien à faire
    contre une colère de dix ans
    qui a recouvert les murs du Foyer
    recouvré
    les murs des couloirs envahi
    le Foyer jusqu’aux plafonds jusqu’aux couloirs elle s’est arrêtée à la porte
    la porte de la Liberté
    qui est aussi celle de l’enfer.

    Il est seul, il a dix ans, et il cogne sa tête contre les murs
    cogne cogne cogne sa tête
    jusqu’à ce que la colère arrête
    arrête de le regarder droit dans les yeux
    sa colère et lui seuls
    exactement seuls
    se regardant bien droit

    se taisent enfin
    ferment les yeux et cessent

    de se regarder

    « Pois blancsMon look »

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