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Le poète s'en va dans les champs
Poète : Victor Hugo (1802-1885)
Le poète s'en va dans les champs ; il admire.
Il adore ; il écoute en lui-même une lyre ;
Et le voyant venir, les fleurs, toutes les fleurs.
Celles qui des rubis font pâlir les couleurs.
Celles qui des paons même éclipseraient les queues.
Les petites fleurs d'or, les petites fleurs bleues.
Prennent, pour l'accueillir agitant leurs bouquets.
De petits airs penchés ou de grands airs coquets,
Et, familièrement, car cela sied aux belles :
— Tiens ! c'est notre amoureux qui passe ! disent-elles.
Et, pleins de jour et d'ombre et de confuses voix.
Les grands arbres profonds qui vivent dans les bois,
Tous ces vieillards, les ifs, les tilleuls, les érables.
Les saules tout ridés, les chênes vénérables,
L'orme au branchage noir, de mousse appesanti.
Comme les ulémas quand paraît le muphti ;
Lui font de grands saluts et courbent jusqu'à terre
Leurs têtes de feuillée et leurs barbes de lierre.
Contemplent de son front la sereine lueur.
Et murmurent tout bas : C'est lui ! c'est le rêveur !
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Finalité
Esther GranekToi qui dis : « L’oiseau chante
pour fêter le soleil… »
Toi qui dis : « L’oiseau chante
pour me charmer l’oreille… »
Ce qui te semble chant
est pourtant cri de guerre.
Cri de propriétaire.
Et avertissement.Crois-tu que les espèces
jusqu’au profond des mers
s’entre-dévorent en liesse
sans souffrance de chair ?
Immense sélection
où tout se perpétue
qu’à travers ton lorgnon
tu admires. Tant et plus !Gigantesque équilibre !
(il te remplit d’émoi…)
Et quand ton être vibre
à voir autour de toi
tous genres, grands et menus
nés pour s’entre-bouffer,
Homme, tu te sens l’Élu
pour qui tout ça est fait !Esther Granek
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