• Les deux chats

    Les deux chats

     

    Deux chats qui descendaient du fameux Rodilard,

     

    Et dignes tous les deux de leur noble origine,

     

    Différaient d'embonpoint : l'un était gras à lard,

     

    C'était l'aîné ; sous son hermine

     

    D'un chanoine il avait la mine,

     

    Tant il était dodu, potelé, frais et beau :

     

    Le cadet n'avait que la peau

     

    Collée à sa tranchante échine.

     

    Cependant ce cadet, du matin jusqu'au soir,

     

    De la cave à la gouttière

     

    Trottait, courait, il fallait voir,

     

    Sans en faire meilleure chère.

     

    Enfin, un jour, au désespoir,

     

    Il tint ce discours à son frère :

     

    Explique-moi par quel moyen,

     

    Passant ta vie à ne rien faire,

     

    Moi travaillant toujours, on te nourrit si bien,

     

    Et moi si mal. La chose est claire,

     

    Lui répondit l'aîné : tu cours tout le logis

     

    Pour manger rarement quelque maigre souris...

     

    - N'est-ce pas mon devoir ? - D'accord, cela peut être :

     

    Mais moi je reste auprès du maître ;

     

    Je sais l'amuser par mes tours.

     

    Admis à ses repas sans qu'il me réprimande,

     

    Je prends de bons morceaux, et puis je les demande

     

    En faisant patte de velours,

     

    Tandis que toi, pauvre imbécile,

     

    Tu ne sais rien que le servir,

     

    Va, le secret de réussir,

     

    C'est d'être adroit, non d'être utile.

     

    Jean-Pierre Claris de Florian.

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