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  • Titre : Les oiseaux

     

    Poète : Alphonse de Lamartine (1790-1869)

     

    Recueil : Méditations poétiques (1820).

     

    Orchestre du Très-Haut, bardes de ses louanges,
    Ils chantent à l'été des notes de bonheur ;
    Ils parcourent les airs avec des ailes d'anges
    Échappés tout joyeux des jardins du Seigneur.

    Tant que durent les fleurs, tant que l'épi qu'on coupe
    Laisse tomber un grain sur les sillons jaunis,
    Tant que le rude hiver n'a pas gelé la coupe
    Où leurs pieds vont poser comme aux bords de leurs nids,

    Ils remplissent le ciel de musique et de joie :
    La jeune fille embaume et verdit leur prison,
    L'enfant passe la main sur leur duvet de soie,
    Le vieillard les nourrit au seuil de sa maison.

    Mais dans les mois d'hiver, quand la neige et le givre
    Ont remplacé la feuille et le fruit, où vont-ils ?
    Ont-ils cessé d'aimer ? Ont-ils cessé de vivre ?
    Nul ne sait le secret de leurs lointains exils.

    On trouve au pied de l'arbre une plume souillée,
    Comme une feuille morte où rampe un ver rongeur,
    Que la brume des nuits a jaunie et mouillée,
    Et qui n'a plus, hélas! ni parfum ni couleur.

    On voit pendre à la branche un nid rempli d'écailles,
    Dont le vent pluvieux balance un noir débris ;
    Pauvre maison en deuil et vieux pan de murailles
    Que les petits, hier, réjouissaient de cris.

    Ô mes charmants oiseaux, vous si joyeux d'éclore !
    La vie est donc un piège où le bon Dieu vous prend ?
    Hélas ! c'est comme nous. Et nous chantons encore !
    Que Dieu serait cruel, s'il n'était pas si grand !

    Alphonse de Lamartine.


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  • Titre : Amitié de femme

    Poète : Alphonse de Lamartine (1790-1869)

    Recueil : Recueillements poétiques (1839).

    Amitié, doux repos de l'âme,
    Crépuscule charmant des cœurs,
    Pourquoi dans les yeux d'une femme
    As-tu de plus tendres langueurs ?

    Ta nature est pourtant la même !
    Dans le cœur dont elle a fait don
    Ce n'est plus la femme qu'on aime,
    Et l'amour a perdu son nom.

    Mais comme en une pure glace
    Le crayon se colore mieux,
    Le sentiment qui le remplace
    Est plus visible en deux beaux yeux.

    Dans un timbre argentin de femme
    Il a de plus tendres accents :
    La chaste volupté de l'âme
    Devient presque un plaisir des sens.

    De l'homme la mâle tendresse
    Est le soutien d'un bras nerveux,
    Mais la vôtre est une caresse
    Qui frissonne dans les cheveux.

    Oh ! laissez-moi, vous que j'adore
    Des noms les plus doux tour à tour,
    O femmes, me tromper encore
    Aux ressemblances de l'amour !

    Douce ou grave, tendre ou sévère,
    L'amitié fut mon premier bien :
    Quelque soit la main qui me serre,
    C'est un cœur qui répond au mien.

    Non, jamais ma main ne repousse
    Ce symbole d'un sentiment ;
    Mais lorsque la main est plus douce,
    Je la serre plus tendrement.

    Alphonse de Lamartine.


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