• Etoiles

    Etoiles

    Titre : Étoiles

    Poète : Théophile Gautier (1811-1872)

    Recueil : La comédie de la mort (1838).

    Étoiles, qui d'en haut voyez valser les mondes,
    Faites pleuvoir sur moi, de vos paupières blondes,
    Vos pleurs de diamant ;
    Lune, lis de la nuit, fleur du divin parterre,
    Verse-moi tes rayons, ô blanche solitaire,
    Du fond du firmament !

    Oeil ouvert sans repos au milieu de l'espace,
    Perce, soleil puissant, ce nuage qui passe !
    Que je te voie encor ;
    Aigles, vous qui fouettez le ciel à grands coups d'ailes,
    Griffons au vol de feu, rapides hirondelles,
    Prêtez-moi votre essor !

    Vents, qui prenez aux fleurs leurs âmes parfumées
    Et les aveux d'amour aux bouches bien-aimées ;
    Air sauvage des monts,
    Encor tout imprégné des senteurs du mélèze ;
    Brise de l'Océan où l'on respire à l'aise,
    Emplissez mes poumons !

    Avril, pour m'y coucher, m'a fait un tapis d'herbe ;
    Le lilas sur mon front s'épanouit en gerbe,
    Nous sommes au printemps.
    Prenez-moi dans vos bras, doux rêves du poète,
    Entre vos seins polis posez ma pauvre tête
    Et bercez-moi longtemps.

    Loin de moi, cauchemars, spectres des nuits ! Les roses,
    Les femmes, les chansons, toutes les belles choses
    Et tous les beaux amours,
    Voilà ce qu'il me faut. Salut, ô muse antique,
    Muse au frais laurier vert, à la blanche tunique,
    Plus jeune tous les jours !

    Brune aux yeux de lotus, blonde à paupière noire,
    Ô Grecque de Milet, sur l'escabeau d'ivoire
    Pose tes beaux pieds nus ;
    Que d'un nectar vermeil la coupe se couronne !
    Je bois à ta beauté d'abord, blanche Théone,
    Puis aux dieux inconnus.

    Ta gorge est plus lascive et plus souple que l'onde ;
    Le lait n'est pas si pur et la pomme est moins ronde.
    Allons, un beau baiser !
    Hâtons-nous, hâtons-nous ! Notre vie, ô Théone,
    Est un cheval ailé que le Temps éperonne,
    Hâtons-nous d'en user.

    Chantons Io, Péan !... Mais quelle est cette femme
    Si pâle sous son voile ? Ah ! c'est toi, vieille infâme !
    Je vois ton crâne ras ;
    Je vois tes grands yeux creux, prostituée immonde,
    Courtisane éternelle environnant le monde
    Avec tes maigres bras !

     

    « Ilya GorgotsLumière dans la nuit-pps- »
    Pin It

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :