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Et pourtant il joue faux...
Sa tête dodeline puis penche légèrement,
Prête à s'abriter en cas de mauvais temps,
Son visage mangé par ses yeux rouges,
Ce musicien puîné dont les doigts bougent,
Sur un clavier sclérosé par trop d'émoi,
Chante faux sur des airs d'autrefois.
Ses mains machinalement jouent de l'accordéon,
Mais sa folle musique est pire que les oignons,
Tant ses notes font bizarrement pleurer,
Mais elles, elles n'ont pas besoin d'être épluchées,
Car elles rendent vite émotif l'air ambiant,
Autodidacte, lui, il n'a rien d'un musicien savant.
Pourtant les passants endimanchés,
Émotionnés, sont de suite envoûtés,
Certains déposent délicatement quelques piécettes,
Dans une vieille et trop petite casquette.
D'autres n'osent pas de peur de l'embrouiller
Mais tous veulent le remercier,
Tous veulent à tout prix, le saluer,
Et c'est seulement pour eux,
Que notre accordéoniste joue encore plus faux,
En osant moduler par le haut, sa voix vibrato.
Alors on voit se redresser des croches, dans l'air,
Ses doubles croches se désunir sur un son mohair,
Puis l'ensemble se précipite dans le vide,
Tant ses notes vibrent une à une sans une ride,
Pourtant elles ne s'entrechoquent pas,
Elles ne s'embrouillent pas.
On croirait même qu'il joue les yeux fermés,
Cet air malappris d'accordéon suranné,
Avec ses grandes mains qui ne l'écoutent plus,
Mais dont les doigts osent encore les grands malentendus,
Et ainsi..... il colorie la rue de bleu bonheur,
Et les passants attroupés l'écoutent pendant des heures.TIMILO
https://zitop.blogspot.com
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