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Ailer..

Publié le par Elettra

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Une conquête

Publié le par Elettra

Une conquête

Une conquête

Un jeune homme marchait le long du boulevard
Et sans songer à rien, il allait seul et vite,
N'effleurant même pas de son vague regard
Ces filles dont le rire en passant vous invite.

Mais un parfum si doux le frappa tout à coup
Qu'il releva les yeux. Une femme divine
Passait. À parler franc, il ne vit que son cou ;
Il était souple et rond sur une taille fine.

Il la suivit – pourquoi ? – Pour rien ; ainsi qu'on suit
Un joli pied cambré qui trottine et qui fuit,
Un bout de jupon blanc qui passe et se trémousse.
On suit ; c'est un instinct d'amour qui nous y pousse.

Il cherchait son histoire en regardant ses bas.
Élégante ? Beaucoup le sont. – La destinée
L'avait-elle fait naître en haut ou bien en bas ?
Pauvre mais déshonnête, ou sage et fortunée ?

Mais, comme elle entendait un pas suivre le sien,
Elle se retourna. C'était une merveille.
Il sentit en son cœur naître comme un lien
Et voulut lui parler, sachant bien que l'oreille

Est le chemin de l'âme. Ils furent séparés
Par un attroupement au détour d'une rue.
Lorsqu'il eut bien maudit les badauds désœuvrés
Et qu'il chercha sa dame, elle était disparue.

Il ressentit d'abord un véritable ennui,
Puis, comme une âme en peine, erra de place en place,
Se rafraîchit le front aux fontaines Wallace,
Et rentra se coucher fort avant dans la nuit.

Vous direz qu'il avait l'âme trop ingénue ;
Si l'on ne rêvait point, que ferait-on souvent ?
Mais n'est-il pas charmant, lorsque gémit le vent,
De rêver, près du feu, d'une belle inconnue ?

De ce moment si court, huit jours il fut heureux.
Autour de lui dansait l'essaim brillant des songes
Qui sans cesse éveillait en son cœur amoureux
Les pensers les plus doux et les plus doux mensonges.

Ses rêves étaient sots à dormir tout debout ;
Il bâtissait sans fin de grandes aventures.
Lorsque l'âme est naïve et qu'un sang jeune bout,
Notre espoir se nourrit aux folles impostures.

Il la suivait alors aux pays étrangers ;
Ensemble ils visitaient les plaines de l'Hellade
Et comme un chevalier d'une ancienne ballade
Il l'arrachait toujours à d'étranges dangers.

Parfois au flanc des monts, au bord d'un précipice,
Ils allaient échangeant de doux propos d'amour ;
Souvent même il savait saisir l'instant propice
Pour ravir un baiser qu'on lui rendait toujours.

Puis, les mains dans les mains, et penchés aux portières
D'une chaise de poste emportée au galop,
Ils restaient là songeurs durant des nuits entières,
Car la lune brillait et se mirait dans l'eau.

Tantôt il la voyait, rêveuse châtelaine,
Aux balustres sculptés des gothiques balcons ;
Tantôt folle et légère et suivant par la plaine
Le lévrier rapide ou le vol des faucons.

Page, il avait l'esprit de se faire aimer d'elle ;
La dame au vieux baron était vite infidèle.
Il la suivait partout, et dans les grands bois sourds
Avec sa châtelaine il s'égarait toujours.

Pendant huit jours entiers il rêva de la sorte,
À ses meilleurs amis il défendait sa porte ;
Ne recevait personne, et quelquefois, le soir,
Sur un vieux banc désert, seul, il allait s'asseoir.

Un matin, il était encore de bonne heure,
Il s'éveillait, bâillant et se frottant les yeux ;
Une troupe d'amis envahit sa demeure
Parlant tous à la fois, avec des cris joyeux.

Le plan du jour était d'aller à la campagne,
D'essayer un canot et d'errer dans les bois,
De scandaliser fort les honnêtes bourgeois,
Et de dîner sur l'herbe avec glace et champagne.

Il répondit d'abord, plein d'un parfait dédain,
Que leur fête pour lui n'était guère attrayante ;
Mais quand il vit partir la cohorte bruyante,
Et qu'il se trouva seul, il réfléchit soudain

Qu'on est bien pour songer sur les berges fleuries ;
Et que l'eau qui s'écoule et fuit en murmurant
Soulève mollement les tristes rêveries
Comme des rameaux morts qu'emporte le courant ;

Et que c'est une ivresse entraînante et profonde
De courir au hasard et boire à pleins poumons
Le grand air libre et pur qui va des prés aux monts,
L'âpre senteur des foins et la fraîcheur de l'onde ;

Que la rive murmure et fait un bruit charmant,
Qu'aux chansons des rameurs les peines sont bercées,
Et que l'esprit s'égare et flotte doucement,
Comme au courant du fleuve, au courant des pensées.

Alors il appela son groom, sauta du lit,
S'habilla, déjeuna, se rendit à la gare,
Partit tranquillement en fumant un cigare,
Et retrouva bientôt tout son monde à Marly.

Des larmes de la nuit la plaine était humide ;
Une brume légère au loin flottait encor ;
Les gais oiseaux chantaient ; et le beau soleil d'or
Jetait mainte étincelle à l'eau fraîche et limpide.

Lorsque la sève monte et que le bois verdit,
Que de tous les côtés la grande vie éclate,
Quand au soleil levant tout chante et resplendit,
Le corps est plein de joie et l'âme se dilate.

Il est vrai qu'il avait noblement déjeuné,
Quelques vapeurs de vin lui montaient à la tête ;
L'air des champs pour finir lui mit le cœur en fête,
Quand au courant du fleuve il se vit entraîné.

Le canot lentement allait à la dérive ;
Un vent léger faisait murmurer les roseaux,
Peuple frêle et chantant qui grandit sur la rive
Et qui puise son âme au sein calme des eaux.

Vint le tour des rameurs, et, suivant la coutume,
Leur chant rythmé frappa l'écho des environs ;
Et, conduits par la voix, dans l'eau blanche d'écume
De moment en moment tombaient les avirons.

Enfin, comme on songeait à gagner la cuisine,
D'autres canots soudain passèrent auprès d'eux ;
Un rire aigu partit d'une barque voisine
Et s'en vint droit au cœur frapper mon amoureux.

Elle ! dans une barque ! Étendue à l'arrière,
Elle tenait la barre et passait en chantant !
Il resta consterné, pâle et le cœur battant,
Pendant que sa Beauté fuyait sur la rivière.

Il était triste encore à l'heure du dîner !
On s'arrêta devant une petite auberge,
Dans un jardin charmant par des vignes borné,
Ombragé de tilleuls, et qui longeait la berge.

Mais d'autres canotiers étaient déjà venus ;
Ils lançaient des jurons d'une voix formidable,
Et, faisant un grand bruit, ils préparaient la table
Qu'ils soulevaient parfois de leurs bras forts et nus.

Elle était avec eux et buvait une absinthe !
Il demeura muet. La drôlesse sourit,
L'appela. – Lui restait stupide. – Elle reprit :
« Çà, tu me prenais donc, nigaud, pour une Sainte ? »

Or il s'approcha d'elle en tremblant ; il dîna
À ses côtés, et même au dessert s'étonna
De l'avoir pu rêver d'une haute famille,
Car elle était charmante, et gaie, et bonne fille.

Elle disait : « Mon singe », et « mon rat », et « mon chat »,
Lui donnait à manger au bout de sa fourchette.
Ils partirent, le soir, tous les deux en cachette,
Et l'on ne sut jamais dans quel lit il coucha !

Poète au cœur naïf il cherchait une perle ;
Trouvant un bijou faux, il le prit et fit bien.
J'approuve le bon sens de cet adage ancien :
« Quand on n'a pas de grive, il faut manger un merle. »

  Guy de Maupassant

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Jolies filles en fleurs

Publié le par Elettra

Jolies filles en fleurs

Pourquoi m'interdirais-je de vous parler d'elles ?

Remémorer le passé les rendrait plus belles,
J'ai oublié leurs noms, je ne m'en souviens plus,
J'ai pourtant adoré leurs fruits défendus.

La vie est ingrate pour les choses passées,
On oublie avec le temps de le remercier,
De m'avoir apporté volupté et amour,
Tout parait si loin aujourd'hui, Tour à tour...

Dans les lointains recoins de la mémoire,
Elles ont tissé leurs menteuses histoires
Je ne vous dirais pas que tout y est exagéré,
Pourtant certaines me semblent si vraies.

Que leurs souvenirs offerts à mon autel,
Entretiennent un feu aussi doux que solennel,
Dont je m'enivrerais d'images souriantes,
Car ce passé plus vivant que le présent me tente.

Dire que je l'aimais  plus ou moins celle-là,
Pour qui tout jeune encore mon cœur brûla,
Dire qu'ils étaient plus sucrés et moins farouches,
Les tendres baisers qu'échangèrent nos bouches.

Dire que les tourments qu'une m'infligea,
Et dont je crus mourir, ne comptent plus pour moi,
Alors où sont  passées toutes leurs cicatrices
Que je viens réveiller en faisant cet exercice .

Où sont elles passées...
TIMILO
www.lejardinpoétiquedetimilo.com
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Au fond du visage

Publié le par Elettra

Au fond du visage

 

Ce n’est pas en une fois

Que je saurai ton visage

Ce n’est pas en sept fois

Ni en cent ni en mille

Ce ne sont pas tes erreurs

Ce ne sont pas tes triomphes

Ce ne sont pas tes années

Tes entailles ou ta joie

Ni en ce corps à corps

Que je saurai ton corps

Ce ne sont pas nos rencontres

Même pas nos désaveux

Qui élucident ton être

Plus vaste que ses miroirs

C’est tout cela ensemble

C’est tout cela mêlé

C’est tout ce qui m’échappe

C’est tout ce qui te fuit

Tout ce qui te délivre

Du poids des origines

Des mailles de toute naissance

Et des cloisons du temps

C’est encore cette lueur :

Ta liberté enfouie

Brûlant ses limites

Pour s’évaser devant.

 

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La fleur de l'amour

Publié le par Elettra

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Pas des trésors..

Publié le par Elettra

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Dernière danse

Publié le par Elettra

Dernière danse

marie-aupaysdesimagesetdesmots.blogspot.com

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Souviens toi...

Publié le par Elettra

Souviens toi du premier jour

TIMILO

www.lejardinpoétiquedetimilo.com

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Romances sans paroles

Publié le par Elettra

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Quand je te dessine au fusain

Publié le par Elettra

Quand je te dessine au fusain

Quand je te dessine au fusain

C'est l'hiver, la brume boit l'étang, les saules,
Non pleureurs chauves jusqu'aux épaules,
Et leurs ombres noires se fondent dans l'eau,
En formant un énigmatique tableau.

Quand vous viendrez, s'ajoutera votre personnage,
Dans ce cas, soyez la muse sans corsage,
Plutôt nymphe sans aucun attribut,
Vous errerez dans mon dessin, les pieds nus.

Votre écharpe de soie où mille roses,
Demandaient à fleurir, d'un seul coup éclosent,
Elles ouvrent hors saison leurs calices blancs,
Pendant que nous nous poserons sur ce banc...

Où d'autres aussi, comme vous, se sont assises,
Mais aucune n'avait un ciré cerise,
Rouge bigarreau où brille un regard luisant,
Le silence est profond quand il est confondant .

J'estompe...
Sur la berge opposée murmurent les curieux,
Qui nous regardent dans ce décors ténébreux,
Je respire l'air entourant vos cheveux,
Il semble si doux, suis-je déjà amoureux ?

Et vous qui me lisez, sachez comprendre,
Qu'un tableau aussi flou ne peut se vendre,
Les teintes estompées de leur ton éternel,
Se dissocient trop vite du verbe réel.

Qu'on nous devine confondus au brouillard,
Puis qu'on nous imagine nus et sans fard,
Ce n'est que dans l'œuvre d'un peintre amateur,
Que l'ivresse du fusain se communique aux cœurs.

TIMILO

www.lejardinpoétiquedetimilo.com

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