• Mars

    Mars

    Mars

    En mars, quand s’achève l’hiver,
    Que la campagne renaissante
    Ressemble à la convalescente
    Dont le premier sourire est cher ;

    Quand l’azur, tout frileux encore,
    Est de neige éparse mêlé,
    Et que midi, frais et voilé,
    Revêt une blancheur d’aurore ;

    Quand l’air doux dissout la torpeur
    Des eaux qui se changeaient en marbres ;
    Quand la feuille aux pointes des arbres
    Suspend une verte vapeur ;

    Et quand la femme est deux fois belle,
    Belle de la candeur du jour,
    Et du réveil de notre amour
    Où sa pudeur se renouvelle,

    Oh ! Ne devrais-je pas saisir
    Dans leur vol ces rares journées
    Qui sont les matins des années
    Et la jeunesse du désir ?

    Mais je les goûte avec tristesse ;
    Tel un hibou, quand l’aube luit,
    Roulant ses grands yeux pleins de nuit,
    Craint la lumière qui les blesse,

    Tel, sortant du deuil hivernal,
    J’ouvre de grands yeux encore ivres
    Du songe obscur et vain des livres,
    Et la nature me fait mal.

    René-François Sully Prudhomme, Les solitudes

    « Malgorzata KrukPrintemps au Japon-pps- »
    Pin It

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :